Dans ce test, nous mettons à l’honneur le JDR Meute. Un jeu de rôle qui met à l’honneur la vie en groupe et ses défis.
Quand on parle de titres sur les lycanthropes et leurs semblables chez les rôlistes, on pense tout de suite à l’une des branches du Monde des Ténèbres. Cependant, il existe des alternatives dont celle-ci : Meute.
Meute, le JDR où on incarne des Neuris
Meute est un JDR financé via GameOnTabletop en 2018. Une création de Julien Moreau, illustrée par Olivier « Akae » Sanfilippo et publiée aux éditions John Doe, avait rencontré un certain succès en rassemblant 236 % de son objectif initial. Il est revenu en 2024 avec un supplément de contexte : Errances. La gamme comprend aussi un écran et des cartes.
Le livret de base nous introduit à l’univers de Meute. Le jeu se déroule dans notre Hexagone contemporain, à la différence près qu’il est peuplé d’êtres fantastiques dont les lycanthropes appelés Neuris. Ces Neuris sont les protagonistes, les PJ.
Des histoires d’individus et de meutes : l’Humain et le Loup
Dans le JDR Meute, ce terme désigne des êtres qui sont en fait deux dans un seul corps : ils sont à la fois homme et loup. Si les Neuris peuvent vivre au sein de la société des hommes présents sur leurs territoires, en adoptant leur apparence, ils doivent cependant veiller à cacher leur existence au grand public. De plus, chaque individu vit au sein d’une Meute, dirigé par un Alpha et doit se plier à l’organisation de celle-ci sous peine d’une punition.
Meute se classe plutôt comme un jeu narratif et bac à sable. Il a attiré mon attention par son implication des joueurs dans la création du monde. Ainsi, avant de commencer la partie, le jeu demande aux participants des deux côtés de l’écran de décider du cadre, de son époque et ses habitants.
En plus de retranscrire l’ambiance, ces décisions ont une importance capitale pour le JDR Meute. En effet, les Neuris ont une forte connexion avec les Mémoires de leur territoire, ce qui va se traduire par des avantages pour les joueurs. Dans cette phase de création, chaque joueur a aussi l’occasion de peupler ce monde en avançant des PNJ plus ou moins importants, notamment des alliés, mais surtout l’Alpha de leur meute.
Individuellement, chaque PJ a deux côtés : L’Humain (à gauche sur la fiche) et Le Loup (à droite). Chaque aspect apporte sa part de caractéristiques au personnage, en plus des valeurs numériques, les Attributs, au centre de la fiche. Les Vécus, des expériences personnelles du Neuri, peuvent entrer en jeu lors de certaines situations et même apporter des dés additionnels lors des jets.
Les mécaniques de Meutes : un JDR narratif simple, mais avec des idées
Comme cette dernière phrase le suggère, Meute est un JDR qui fonctionne avec des dice-pool. Ici, on emploie des dés à 6 faces, sur lesquels on va garder les 5 et les 6 en tant que succès. Le but est donc d’en obtenir un certain nombre afin d’égaler ou surpasser la difficulté correspondante à l’action que veut réaliser le joueur. Simple et efficace, il me rappelle l’un de mes systèmes génériques favoris : Freeform Universal.
Avec un système aussi accessible, la profondeur de Meute repose autre part que dans le crunch. En effet, on trouve d’une part l’importance de l’aspect social et personnel du fait de la nature des Neuris ainsi que l’existence de la Meute et des Autres. Chaque PJ peut ainsi se retrouver tirailler par les enjeux qui l’entourent et petit à petit céder à la Bête. Une source de pouvoirs supplémentaires, mais qui vient à un prix…
Si ces idées se retrouvent dans d’autres JDR, Meute se démarque aussi par l’utilisation qu’il fait de la Mémoire. Le côté lupin des Neuri se présente comme un être intemporel. Ainsi, un PJ peut, dans certaines situations, retourner dans les souvenirs de ses ancêtres. En plus des opportunités que cela offre en worldbuilding dans l’instant, jouer avec le temps a aussi du potentiel sur le long terme. En conservant ou en échangeant leurs Loups, les rôlistes peuvent créer des campagnes interconnectées à travers des siècles d’histoire sur le même territoire.
Dans le Gévaudan et ailleurs …
Ce livret introduit ces possibilités en exploitant LE paysage lié au récit de loup iconique de la France : le Gévaudan. Il donne un exemple concret avec des détails géographiques et historiques très complets, ainsi qu’un scénario introductif qui tourne autour de la fameuse bête qui a terrorisé la région au XVIIIe siècle. Le pack écran comprend une carte de cette région au format A3, en plus de l’écran cartonné à 4 volets.
Ceci nous amène à Errances. Avec cette extension pour Meute, Moreau enrichit son JDR de quatre cadres tout aussi détaillés. Cartes A3 à l’appui, ils présentent des pistes pour jouer à différentes époques ainsi que d’un scénario introductif.
On a donc ici Les Ardennes avec le scénario bac à sable Ophidienne, Le Luberon où les PJ doivent empêcher le retour de la Peste dans Le Chant des Colbres, Les Pyrénées qui se démarque car il combine le cadre et le scénario et enfin, Paris avec une enquête intitulée Les Enfants de la Lune. Bon point selon moi : non seulement les cadres varient, mais il en va de même pour les types scénarios qui n’ont d’ailleurs ni les mêmes enjeux ni les mêmes ambiances. Ceci montre la richesse du jeu, appuyé par les règles additionnelles incluses dans cette extension.
De beaux ouvrages pour les ludothèques
Pour conclure avec Meute, je reviens sur la qualité de la présentation des ouvrages de ce JDR. Couvertures rigides, cartonnées, ils sont bien solides et je n’ai pas eu de problèmes à les feuilleter, de même pour les cartes. Coup de cœur aux illustrations de Sanfilippo. Le choix des rendus, en couleur ou non, avec des loups et des décors réalistes qui donnent une touche immersive à l’ensemble.
Une bonne expérience que je veux approfondir et que je recommande à tous les groupes qui aiment se réunir pour raconter des histoires ensemble. Je vous invite donc à vous procurer le jeu et n’hésitez pas à nous faire part de vos avis.