JunM
Vampire: The Masquerade – Bloodlines est un ovni du jeu vidéo : inachevé, buggé, mais pourtant un monument des RPG. Il a survécu deux décennies par la seule passion des ces fans avant de recevoir enfin une suite …
La gamme Vampire est le fer de lance du Monde des Ténèbres. Entre son lore riche et son univers d’urban fantasy, elle a introduit un autre style de jeu auprès des rôlistes, plus tourné vers l’intrigue et le drame de l’histoire au lieu du gameplay. Il a aussi renforcé le RP dans le RPG vidéoludique.
Vampire : The Masquerade – Bloodlines, premier du nom : un RPG faillible, mais iconique
En effet, après un premier titre, Requiem, Vampire: The Masquerade suit avec un autre opus en novembre 2004, Bloodlines. Ce dernier devient rapidement une référence du jeu de rôle, malgré ses défauts. En effet, au moment de la conception de Bloodlines, White Wolf traverse une mauvaise passe et le jeu de Troika Games sort finalement dans un état chaotique entre les bugs et un dernier tiers moins travaillé que les premières heures de jeu.
Une expérience fidèle à l’esprit du Monde des Ténèbres
Ce que Bloodlines n’a pas en polish et en gameplay, il le rattrape au niveau de son ambiance. D’abord, parce qu’il retranscrit parfaitement le monde des Ténèbres où évoluent les Kindred à travers son histoire portée par des personnages mémorables, mais aussi grâce à sa musique. Et ensuite, en dépit de ses limites, il donne aussi beaucoup de liberté d’action aux joueurs. Les choix parviennent à avoir de la pertinence sur l’histoire.
Dans Vampire: The Masquerade – Bloodlines, le joueur incarne un nouveau-venu dans le monde des vampires après son embrassement à Los Angeles. Un début difficile : le Prince de L.A., le Ventrue Lacroix allait d’ailleurs le faire exécuter sans l’intervention du chef des Anarchs, Nines. Cette première nuit se conclut sur un assaut par les Sabbats. En une heure, le joueur plonge dans les intrigues de la Camarilla, des Anarchs et des Sabbats qui vont le transporter tout au long du jeu.
Vampire : The Masquerade – Bloodlines et ses multiples choix
Ce tutoriel permet aussi aux joueurs de remarquer les nuances entre les clans jouables. D’une part au niveau des dialogues, Jack d’abord, mais aussi les autres PNJ répondent différemment en fonction de ce choix. D’autre part, par le gameplay : les Ventrue ne peuvent pas se nourrir des rats, certains clans ont des choix de dialogue uniques, les Disciplines incitent à approcher le combat différemment…
Au fil de l’histoire, ce premier choix et ceux qui suivent offrent de nouvelles opportunités. Du contenu est même exclusif à certains clans comme des appartements inédits pour les Nosferatu et les Tremere. Il faut jouer au jeu au moins trois fois vu que incarner un Malkavian change entièrement les dialogues et les Nosferatu demandent de se déplacer presque entièrement via les égouts.
Le jeu de base compte 6 fins différentes, bien que les dernières missions ne changent pas. Vampire: The Masquerade – Bloodlines est aussi truffé de quêtes secondaires dont les récompenses et les issus peuvent aussi changer. Certaines sont d’ailleurs plutôt bien cachées et demandent de prendre le temps de fouiller les hubs ou d’interagir avec les PNJ. Environnements et personnages, heureusement, très intéressants.
La force de Bloodlines repose sur son univers riche. Certains des acteurs avec lequel le protagoniste interagit dans le jeu sont devenus des icones du Monde des Ténèbres. Beckett, notamment, le Gangrel historien devenu la mascotte de White Wolf, mais aussi Smiling Jack ou encore les mystérieuses sœurs Voerman reviennent dans le canon de l’univers.
La communauté de Bloodlines
Après la fin de White Wolf et Troika Games, les fans du jeu reprennent le flambeau. Ils travaillent sur des patchs et des mods pour réparer, mais aussi enrichir Vampire: The Masquerade – Bloodlines. Le patch communautaire « Unofficial Patch » est pratiquement indispensable pour profiter du jeu. D’autres patchs vont même plus loin, comme Clan Quest Mod : une opportunité de rejoindre les Sabbats!
Malgré tous leurs efforts, si le jeu reste parfaitement jouable, il accuse le poids des années et de ses faiblesses structurelles. Au niveau graphique notamment, on ressent l’âge du jeu, sauf dans l’animation des visages qui ont étonnamment bien vieilli. Il en va de même pour les contrôles qui sont un peu lourds et imprécis. Enfin, la fin du jeu oblige le joueur à combattre là où le début offrait tant d’options, ce qui pénalise certains styles de jeu en plus d’être répétitif.
Bloodlines 2 : de l’espoir à la déception ?
2019-2025, les années difficiles de Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2
Entre son statut culte, sa formule claire et sa fanbase toute prête, Vampire: The Masquerade – Bloodlines faisait un candidat idéal pour une suite ou du moins un remaster. Les années ont passé sans nouvelles, la licence semblant tombée dans la torpeur…. Jusqu’en 2019. Avec la renaissance des gros RPG, Bloodlines 2 est annoncée par Paradox Interactives pour une sortie en 2021. Il n’arrive qu’en 2025.
Les fans avaient bon espoir pour Bloodlines 2 au départ. Si le jeu était édité par Paradox Interactive, ce qui pouvait suggérer une foison de DLC, et qu’il était développé par Hardsuit Labs qui n’avait pas d’expérience en RPG AAA, Brian Mitsoda, l’auteur original du premier jeu, restait aux commandes. L’ADN qui avait le succès du premier devait donc rester.
Mais les événements prennent rapidement une mauvaise tournure. En 2020, Paradox et Hardsuits se séparent de Mitsoda sans explication. Une décision qui menace l’identité du jeu. Sa sortie est ensuite marquée par des retards. Il disparaît de la circulation avant de revenir après un changement de studio de développement. The Chinese Room a repris le bébé. Un développeur britannique plus connu pour des « walking simulator ».
Les mises à jour ont des promesses fluctuantes. Le coup de marteau pour beaucoup est l’annonce de Paradox qui décrit le jeu comme un « successeur spirituel ». Les fans n’attendent plus un titre digne du nom de Bloodlines. Les trailers et les annonces n’arrangent pas la situation. Trop d’action, pas assez de choix, manque de personnalisation, pas d’armes et deux clans en DLC jour 1 avant que Paradox ne fasse marche arrière sous la pression des joueurs… Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 ne pouvait pas mieux rater son entrée.
Une sortie difficile, mais un avenir rempli de potentiel?
Les premiers retours sont mitigés. Techniquement Bloodlines 2 n’est généralement pas au niveau d’un jeu de 2025. Si le premier avait le même problème en 2004, ce nouveau volet manque de la profondeur qui a fait que les joueurs s’étaient attachés à Bloodlines. Le choix de Clan n’a pas d’impact notable, car Phyre peut obtenir des disciplines de tous les clans. D’ailleurs, Nosferatu et Malkavian, les deux clans aux gameplay les plus uniques manquent. Le RP est minimal.
Pourtant, certains trouvent de la qualité au jeu et l’apprécient. En effet, en dépit de ses problèmes, Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 offre une expérience vampirique plus que correcte, voire même une bonne expérience à certains moments. En fait, sans l’étiquette Bloodlines, il aurait fait une bonne entrée pour un néophyte du Monde des Ténèbres en tant que jeu d’action/aventure grand public.
L’avenir du jeu et de la licence demeurent donc incertain. Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 n’a pas fait bonne impression au départ, mais c’était aussi le cas de Cyberpunk 2077. Et ce dernier a plus que redorer son image après ses patchs et ses DLC, une spécialité de Paradox Interactives. S’il ne sera jamais le RPG qui succèdera dignement à VtMB, les années pourraient lui permettre de rattraper les erreurs initiales…
