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Le système 2d20 de Modiphius : des JDR cinématographiques

Le système 2d20 de Modiphius a une certaine notoriété sur le Net. Bien que critiqué, il est le moteur de plusieurs adaptations en TTRPG.

L’un des aspects que je préfère chez le jeu de rôle, c’est la créativité derrière les moteurs de jeu ou systèmes. Il s’agit de l’ensemble des règles, plus ou moins complexes, qui mettent le « jeu » dans le « jeu de rôle » et qui servent parfois plus qu’à déterminer la réussite ou non d’une action.

Le 2d20 de Modiphius : un système simple à la base

C’est le cas chez Modiphius où le système phare est le 2d20 System. Un système que l’éditeur qualifie de « cinématographique », il sort d’abord en 2015 pour la 3e édition de Mutant Chronicle, un JDR suédois, avant de devenir un système générique, disponible ici. Ainsi, depuis une décennie, il sert de base aux principales gammes qui sortent de leur catalogue. Il existe bien sûr des exceptions comme Triangle Agency ou encore le très attendu jeu Disque-Monde.

Pour en revenir au 2d20, tout est dans le nom. Il s’agit donc d’un système où la résolution des actions se détermine à travers le jet d’une paire de dés à 20 faces, comme chez le système qu’on trouvera plus tard chez Daggerheart, un autre système très cinématographique. Mais la comparaison s’arrête là, pour le reste, ces deux systèmes se démarquent énormément.

Globalement, tous les jeux de Modiphius qui emploient leur système 2d20 attribuent un nombre de caractéristiques aux personnages. Leurs noms génériques sont Compétences, Styles, Spécialités et Talents. Un PJ débute avec 6 Compétences, 6 Styles, 2 Spécialités et 1 Talent. La nomenclature ainsi que les nombres peuvent grandement varier d’une gamme à l’autre.      

La résolution des actions dans le 2d20 System

Lorsque la situation l’exige, le Meneur de jeu va déterminer un niveau de difficulté et demander à un joueur de faire un jet. Celui-ci va alors décider d’une Compétence et d’un Style qui reflètent la manière dont il va faire face à cet obstacle et additionner leurs valeurs. Cette somme donne le seuil de réussite : tous les dés qui affichent une valeur inférieure à ce dernier compte comme une réussite tandis que ceux ayant fait au-dessus comptent comme des échecs.

Comme pour le système Storyteller, le 2d20 de Modiphius nécessite de compter le nombre de réussites. S’il est égal ou supérieur au niveau de difficulté alors, l’action du PJ se solde par une réussite, inversement, c’est un échec. Cette difficulté, toutefois, va de 0 à 5 : si le système n’emploie que 2 dés à 20 faces, comment un PJ peut passer une difficulté de 3 ou plus ?

La réponse tient dans les autres mécaniques du 2d20 System et de chacune de ses gammes uniques. D’abord, les dés qui affichent un 1 valent pour deux réussites, ce qui donne 1 chance sur 40 000 de réussir à cru un test de difficulté 4. Ceci ne représente franchement pas beaucoup de chances. En conséquence, les joueurs ont intérêt à maîtriser les autres moyens que les mécaniques mettent à leur disposition.

Les Spécialités, par exemple, peuvent faire monter ce seuil de critique et ainsi augmenter les chances d’augmenter la valeur individuelle des réussites. Alternativement, les joueurs préféreront généralement monter le nombre de dés jetés, comme ce qu’on trouve chez les autres systèmes qui emploient des dice pools.

Momentum et Menaces : une dynamique à meta-monnaie

Mais là où le système 2d20 de Modiphius se démarque, c’est par son intégration des moyens possibles pour augmenter le nombre de dés. Il est d’abord inclus naturellement dans la dynamique du jeu via le Momentum. Par cette mécanique, un joueur peut garder son surplus de réussites à un jet, sous la forme de jetons par exemple, pour les transformer en dés lors d’un jet ultérieur. La coopération entre les PJ est aussi représentée par l’ajout d’un dé.

L’équivalent négatif de ces jets, du côté du meneur, s’appelle les Menaces. Lorsque certaines conditions sont remplies : un joueur obtient un 20 sur un jet, il échange des Menaces contre des dés supplémentaires… Il génère de la menace dans la réserve. En dépensant cette dernière, le MJ peut ajouter des péripéties à la scène comme introduire plus d’ennemis ou présenter un obstacle inattendu.

Cette dynamique entre le Momentum et les Menaces représente le vrai esprit, pour certains rôlistes, le vrai génie du système 2d20 de Modiphius, mais aussi sa plus grosse faiblesse pour d’autres. Ainsi, en fouillant les forums, anglophones comme francophones, on constate que les avis sont mitigés sur l’omniprésence d’une meta-monnaie.  

Des hauts, des bas et du potentiel

D’une part, certains l’aiment pour son énergie. En particulier les rôlistes qui ont adopté le JDR Conan de l’éditeur : après un temps d’adaptation, ils ont tellement intériorisé le fait de gagner/acheter-dépenser le Momentum et se le passer entre les participants qu’ils pouvaient enchaîner rapidement les actions épiques. Pris ainsi, le système tient sa promesse d’être « cinématographique ».

D’autre part, d’autres ont eu une expérience moins plaisante. En effet, ils ont trouvé le système peu intuitif, plutôt difficile à apprendre par rapport aux systèmes traditionnels et même par rapport aux autres systèmes à dice pool. Dans leur cas, leurs parties traînaient en longueur parce que les joueurs et le meneur passaient trop de temps à compter leurs jetons et à déterminer s’ils allaient s’en servir. De plus, certains argumentent en permanence pour faire tous leurs jets avec leur meilleure Compétence.

Enfin, certains n’apprécient tout simplement pas l’emploi de meta-monnaies. Il s’agit là d’une préférence comme une autre, mais ceci a conduit Modiphius en général et le système 2d20 en particulier à être rayé par défaut de la liste de certains rôlistes. Personnellement, j’apprécie les meta-monnaies, ils donnent une autre dimension à la dynamique entre les participants.

Pour finir, il faut tout de même saluer la diversité des différents jeux qui tournent sous 2d20. En comparaison aux jeux qui emploient le dé 20 ou encore les PbtA qui tendent, malheureusement (?), à se ressembler mécaniquement, il y a ici assez de diversités pour satisfaire différents publics. Ainsi, Conan et Infinity sont célèbres pour avoir plus de crunch, de choix statistiques et autres mécaniques par rapport à Dishonored qui en serait le plus simple. 

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