Sans Cœur est un JDR français indépendant qui a fait parler de lui auprès du public de l’Hexagone ces deux dernières années. Dark fantasy, inspiré par Dark Soul, Castlevania et d’autres séries du genre, il se démarque par son univers gothique.
Dans un monde où le paysage de la fantasy est presque saturé entre DnD, ses rivaux et ses alternatives, il est difficile pour un nouveau jeu de rôle de se différencier. Ainsi, chacun tente de proposer son twist unique sur le genre, notamment en se tournant vers la niche obscure de la fantasy, la dark fantasy.
Le royaume dark fantasy d’Empiréen
Suffisamment populaire et reconnaissable grâce à des œuvres comme Berserk, mais aussi libéré de la concurrence des géants populaires, elle offre plus de liberté aux petits titres pour se démarquer. Le JDR Sans Cœur, d’Empyreal Medias Production, a fait son entrée sur ce terrain de jeu en 2023 et a gagné sa reconnaissance en remportant le Grog d’Or de l’année dernière.
Sans Cœur prend pour cadre une version alternative de l’Europe du Moyen-Âge dans le royaume d’Empiréen dominé par le roi Trahearn et sa cour. Ces derniers conduisent le domaine à la ruine et la corruption en faisant un pacte avec les forces obscures pour obtenir la vie éternelle. C’est ici que les héros entrent en scène : les Sans Cœurs.
Sans Cœur, le JDR et ses inspirations de Dark Soul
Ces derniers donnent leur titre au JDR Sans Cœur et font l’une de ses particularités. En effet, les PJ sont d’anciens combattants déjà décédés, mais revenus à la vie. Tant que la flamme qui brûle dans leur poitrine persiste, ils ne peuvent pas mourir définitivement. En revanche, la tension repose dans le facteur Temps : elle ne brûlera pas éternellement, ils n’ont que trois jours et trois nuits afin d’accomplir leur ultime quête et sauver le peuple d’Empiréen.
De l’aveu de son créateur, Julien Pirou, pour lefix, c’est une inspiration de Dark Soul. C’est de la série de jeux qu’il a trouvé l’idée de base ce titre : des chevaliers revenus d’entre les morts, sans cœur et sans reproche. Mais l’inspiration directe s’arrête plus ou moins là. Sans Cœur pioche aussi dans d’autres inspirations et ne prétend pas au titre d’une adaptation en JDR de Dark Soul. Un exercice difficile sur lequel des professionnels se sont, malheureusement, cassés les dents.
Comme dans Dark Soul, l’exploration est une partie intégrante du gameplay. Sans Cœur se joue surtout en campagne, le cadre fournit déjà les bases de l’aventure avec l’histoire du roi Trahearn. Cependant, il propose aussi un royaume entier en danger à explorer, ou plutôt à hexplorer vu l’utilisation d’une carte avec des hexagones pour simuler l’exploration. Les PJ avancent d’une case à l’autre avec la possibilité de faire face à des rencontres qui prennent une heure de la courte existence des Sans Cœurs.
Les mécaniques de jeu : la simplicité de 3 dés…
Le jeu tourne sous une variante du Moteur 3D, un système que Julien Pirou a déjà utilisé pour Lore & Legacy, un jeu de science fantasy sur lequel il a travaillé depuis 2020 avant de passer à Sans Cœur. Il doit son nom au cœur du jeu, seulement 3 dés : le d6, le d8 et le d10. Pour comprendre leur utilisation, il faut d’abord passer par la fiche des personnages.
Chaque PJ dans le JDR Sans Cœur est assez complexe. Il a des valeurs statistiques représentées par les Capacités et les Attributs. Les Capacités sont l’équivalent des Compétences dans les autres jeux : il s’agit d’une liste de savoir-faire qui déterminent si le PJ peut accomplir efficacement une tâche. Dans ce cas, il fait son jet en additionnant la valeur de la Compétence avec un d10.
Sinon, il emploie un d6 et y ajoute la valeur de l’Attribut correspondante. Chaque personnage a 7 Attributs. Ce sont le Caractère qui représente la volonté ou le feu intérieur, le Discernement qui représente l’observation et l’analyse, la Maîtrise pour l’agilité et la dextérité, la Prestance ou le charisme, la Robustesse qui représente la constitution et l’endurance, la Vigueur pour la force physique et la Fortune qui mesure la chance.

Le résultat des jets se compare ensuite au seuil de difficulté décidé par le meneur de jeu. Il va de 6 à 18 et doit être égalé ou dépassé pour se traduire en un succès sans encombre. Ce résultat a en fait quatre paliers. Faire moins que la moitié du seuil est un échec, faire moins que le seuil est une réussite partielle, faire plus est une réussite et une réussite critique dans le cas où le résultat est 1,5 fois le seuil.
… Et la profondeur des valeurs
Dans le JDR Sans Cœur, il arrive donc plus souvent que les PJ réussissent, bien qu’ils doivent parfois en payer le prix. Ceci donne plus de dynamique et surtout de l’épique aux parties, d’autant plus que les joueurs peuvent compter sur les dés de fortune, déterminés entre autres par leur Attribut de Fortune, pour rajouter des bonus additionnels à leurs jets.
Sans Cœur veut se démarquer des autres JDR en proposant des PJ immortels. Il présente cette particularité des personnages à travers une valeur, l’Incandescence. Elle a un rôle double : d’une part, c’est la barre de vie du PJ, s’il tombe à 0, le personnage est temporairement hors de l’action ; d’autre part, il s’agit aussi d’une réserve d’énergie où il pioche pour activer ses pouvoirs. Cette gestion introduit une nouvelle dimension stratégique au jeu.
Pareil pour la seconde valeur qu’est l’Essence qui est une forme plus intéressante de l’Expérience dans les autres jeux de rôle. Ainsi, comme cette dernière, elle se gagne en battant les ennemis, mais elle est aussi une ressource consommable. L’Essence sert à améliorer les personnages, concocter des potions et retrouver de l’Incandescence.
L’équipement et les Traits complètent chaque personnage. Ces derniers leur donnent des particularités qui se traduisent par des avantages (un de dé fortune) ou des désavantages (un dé d’adversité) dans certaines situations. L’équipement affecte certaines valeurs statistiques, notamment les défenses d’un PJ.
Le potentiel d’avenir du JDR Sans Cœur
Sans Cœur reste un JDR indépendant malgré son succès. Il est principalement disponible ici sous le format PDF à travers le site Itch.io pour une quinzaine d’euros pour un livret de 300 pages ainsi qu’en impression à la demande, ce qui limite son accessibilité. Le livret compte l’essentiel : la présentation du jeu, ses mécaniques et son univers, ainsi que les éléments de base pour le découvrir dont 3 aventures à jouer en une nuit et des personnages prétirés.
Dans son entretien avec lefix, Julien Pirou a aussi évoqué l’avenir du jeu. Il y a notamment soufflé la possibilité de la sortie d’extensions pour apporter plus d’options aux joueurs durant la création de personnages. Et avec un univers si fourni et populaire, les chances ne sont pas nulles.