La gamme Sherlock Holmes de l’éditeur Makaka propose aux lecteurs de mener l’enquête. Des ouvrages sympathiques pour les fans du détective.
Certains personnages ont été si marquants pour la fiction qu’ils ont pratiquement défini un archétype, sinon un genre littéraire. Holmes, le détective consultant, a sa place dans un tel panthéon.
D’Arthur Conan Doyle à Makaka, la longue histoire de Sherlock Holmes
En effet, créé par l’écrivain britannique Sir Arthur Conan Doyle en 1887 pour la nouvelle « A Study in Scarlet », il est devenu la référence du détective excentrique de la littérature et, plus tard, du grand et du petit écran. Ainsi, bien qu’il ait lui aussi ses inspirations comme le Dupin de Poe, il est celui que le public a le plus retenu. De Poirot, en passant par le Dr House ou la série de jeu Phoenix Wright, on retrouve son inspiration partout si l’on observe bien.
Un homme grand, mince, une pipe à la bouche et habillé d’une tenue iconique, habitant au 221 B Bakerstreet, accompagné de son fidèle ami, partenaire et biographe, le Dr Watson, qui a noté à la fois ses connaissances et son ignorance… Beaucoup de points caractérisent le personnage.
On en retrouve certains plus fréquemment que d’autres dans ses différentes déclinaisons. Mais l’essentiel reste qu’il mène des enquêtes qu’il résout via son approche méthodique et déductive. Ce qu’on retrouve dans les BD Sherlock Holmes disponibles chez Makaka.
La boîte elle-même à ouvert ses portes en 2007 afin de proposer des jeux et des livres-jeux innovants pour tout le monde. Et, en 2013, elle a lancé une série d’ouvrages dont vous êtes le héros dédiés à l’univers du détective britannique et son univers avec « Sherlock Holmes — La BD dont vous êtes le héros ». Le lecteur entre dans la peau de Watson, comme dans les romans, et mène l’enquête aux côtés du détective.
Sherlock Holmes —La BD dont vous êtes le héros
Petite parenthèse sur la présentation graphique. Un premier coup d’œil permet de déduire que cet ouvrage est sorti alors que la série de la BBC était populaire. En effet, le Sherlock Holmes de Makaka a beaucoup de ressemblance avec le protagoniste de la série incarné par Benedict Cumberbatch. Qu’on n’aime ou pas ce choix, il n’affecte pas la qualité du dessin. Ce dernier est beau, coloré et lisible, ce qui est essentiel pour une BD, mais encore plus pour une BD doublée d’un jeu.
Sur ce point, les auteurs ont à peu près le même combat que les meneurs de jeu qui ont essayé de diriger un JDR d’enquête. Il y a le désir de faire vibrer l’enquêteur, qu’il soit lecteur ou joueur, avec des retournements de situation… Mais sans créer ni un crime si parfait qu’il ne pourra pas comprendre, ni tracer une voie évidente vers la solution.
D’où le choix pertinent de faire incarner Watson pour ce premier volume. Makaka peut ainsi mettre Sherlock comme compagnon pour réagir aux choix du joueur, pour finir sur un score donné par Holmes en fonction de la qualité de l’enquête. Voici comment se déroule celle-ci dans cette gamme de jeu.
Le déroulement d’une enquête de Sherlock Holmes en BD
À l’instar de tout bon Livre Dont Vous Êtes Le Héros, le joueur est d’abord mis face à une situation. On lui offre différentes options : interroger un tel individu, observer tel élément de la scène… Et en réponse, l’ouvrage va le renvoyer à un numéro de case, qui va expliciter le résultat de son action.
Alors, de deux choses. D’une part, la circulation est plus souple que dans les ouvrages du genre dont j’ai l’habitude. Ceci permet de « jouer l’enquête ». On peut aller et venir dans une scène, revenir vers une personne pour lui poser des questions supplémentaires. Ces « PNJ » disposent tout de même d’une certaine complexité, il faut notamment faire attention à ne pas les vexer au passage en posant des questions inappropriées pour leur personnalité.
D’autre part, Makaka tire profit du format BD pour simuler aussi l’élément essentiel de la méthode de Sherlock Holmes : l’observation. Grâce aux cases, ils peuvent dissimuler des indices dans les images et ils invitent les joueurs à observer et non seulement voir, comme dirait le détective. La bonne réponse réside généralement dans les détails.
Donc, l’intrigue avance au fur et à mesure et le joueur peut décider de tirer ses conclusions quand il juge avoir assez d’indices. Mais en fonction des choix du joueur et des indices qu’il a trouvés, la progression ne se fait pas nécessairement dans une direction linéaire et la conclusion ne sera pas forcément la bonne, car il est possible de se tromper de coupable ou de motivation. Le détective ne manquera pas de le faire remarquer.
Au-delà du premier numéro, les innovations d’une gamme à succès
Ce premier numéro peut toujours se trouver chez certains revendeurs ou auprès de l’éditeur. Ce dernier a continué à proposer de nouveaux ouvrages pour la gamme, chacun à 20 euros, pour un total de 10 volumes à ce jour. Le dernier, « Sherlock Holmes – Mystères à Sorrowdale Manor », est sorti chez Makaka le 5 avril 2024 et on peut espérer que d’autres viendront dans les années à venir.
D’ailleurs, les numéros suivants ont introduit des nouveaux éléments pour jouer le jeu. Entre autres, le livre 2 permet de choisir entre Holmes et Watson comme protagoniste pour les 4 enquêtes du livre, ce qui va influencer la difficulté du jeu. Il introduit aussi des enquêtes secondaires avec Moriarty.
Makaka fait le choix de faire de celui qu’on considère comme le nemesis de Sherlock Holmes un allié jouable dans le troisième livre. Pour compléter ce tour rapide des additions des ouvrages qui ont suivi, on peut aussi parler du volume « enquêtes internationales » qui introduit Mycroft Holmes et sort aussi des frontières de l’Angleterre ainsi que de « Holmes et associés » où l’on joue Wiggings et sa bande (les Francs-Tireurs de Baker Street) dans une aventure coopérative qui peut inclure jusqu’à 4 personnes.
Je trouve que cette collection fera la joie d’un fan du détective, ou de n’importe laquelle de ses itérations. Les critiques en ligne signalent cependant que les enquêtes peuvent être inégales en termes de qualité et de difficulté, ce qui est normal pour toutes les gammes du genre. Pour finir, je signalerai que les intéressés peuvent trouver une expérience plus traditionnelle du « Livre Dont Vous Êtes Le Héros » avec le détective.