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Grosbill, qui es-tu ?

Grosbill

Grosbill, un nom qui ne parle peut-être pas à tous, mais ceux qui savent en ont peut-être déjà croisé un.

Dans le monde du JDR, il n’existe pas qu’une façon de jouer tout comme il n’existe pas une manière de jouer qui soit objectivement meilleure que d’autres. Certains sont là pour l’histoire, d’autres pour l’univers, d’autres pour expérimenter avec le système… Et puis, il y a le Grosbill. C’est probablement l’un des types de joueurs les moins appréciés dans le monde des jeux de rôle.

Définition

Pour comprendre pourquoi les tables apprécient, en général, moyennement le grosbillisme, il faut commencer par sa définition. Il s’agit d’une manière de jouer où l’on veut être plus puissant. Mais poussé à l’extrême, à ne pas confondre avec l’optimiseur ou le min-maxer !

En effet, le Grosbill (ou munchkin), aussi orthographié Gros Bill ou GrosBill, s’enfonce beaucoup plus dans ce désir. Il souhaite effectivement être LE plus puissant à la table. Son PJ doit être au-dessus des ennemis, des PNJ, et du reste des joueurs. Cela va plus loin puisqu’il est prêt à aller plus loin : le Grosbill peut tricher pour obtenir ce qu’il veut.

L’origine du Grosbill

C’est d’ailleurs fortement lié à l’histoire même du terme. Il faut remonter pour cela aux années 80. On trouve l’origine du mot dans le magazine Casus Belli, un périodique dédié aux jeux de rôle. Dans le numéro 4 daté de juin 1981, dans la rubrique « Devine qui vient dîner ce soir… », les auteurs racontent l’histoire d’un drôle de joueur.

Ce joueur anonyme hormis son surnom désormais iconique de « Gros Bill » était un régulier de leur club d’AD&D sur la rue d’Ulm. Afin d’assurer sa domination à la table, il accumulait, pour ne pas dire thésaurisait, du matériel magique et allait jusqu’à modifier sa fiche de personnage. Appelons un chat un chat, Gros Bill trichait (au cas où vous avez aussi vos tricheurs).

Un joueur à problème

Si l’esprit de ce premier article était juste moqueur, avec des piques sur l’intelligence (ou plutôt l’absence d’intelligence) du personnage, il est à présent péjoratif. Les tables n’apprécient pas vraiment la présence d’un Grosbill. La raison: ses tendances à suroptimser à tout prix qui ne correspondent pas à l’attente des autres joueurs.

Pour les narrativistes, les Grosbill posent problème, car ils ne font rien pour véritablement s’immerger dans le jeu. Dans leurs quêtes de puissance, ils ignorent tous les fondements du roleplay. Leurs décisions ne visent qu’à accumuler expérience et équipements, ils veulent constamment être sous les projecteurs….

Pour ceux qui sont là pour le ludisme, le Grosbill n’est pas vraiment là pour s’amuser. Les Grosbills ne prennent pas de risque, veulent que tout se passe en leur faveur avec des récompenses qui ne sont pas nécessairement proportionnelles pour chaque petite action.  

Pour les powergamer et les min-maxer, Grosbill leur fait une mauvaise réputation. On a, en effet, tendance à les mettre dans le même sac. Ainsi, si eux aussi sont là pour trouver comment optimiser leurs personnages, ils tirent leur satisfaction de le faire dans les règles, sans tricher ni abuser, pas comme Grosbill.    

Il existe tout un tas d’interactions de ce genre avec le Grosbill. Mais alors, comment le repérer et le gérer ? Il faut comprendre ce qui le motive. Le personnage se traîne une bien mauvaise réputation donc on n’y prête donc pas tellement attention, mais, suivant ces exemples, le Grosbill est bien un rôliste.

Que faire face à un Grosbill ?

On peut en discuter, mais il est peut-être un rôliste un peu perdu. Un narrativiste qui oublie qui veut une histoire bien trop cinématique ou juste répéter celle de ses histoires favorites à la lettre a des chances de devenir Grosbill. Il en est de même pour un ludique qui oublie que le risque fait partie des plans farfelus ou un powergamer qui ne veut plus se limiter aux règles.

En conséquence, pour toute la table en général, le meneur de jeu en particulier, le mieux est d’ouvrir la discussion avec le potentiel Grosbill. Si c’est son premier JDR et qu’il vient du milieu des jeux vidéo compétitifs, par exemple, peut-être n’a-t-il pas saisi le concept.

Attention tout de même aux Grosbills expérimentés ! Ceux-là connaissent très bien les règles et cherchent des failles pour en abuser. Le meneur doit ici se rappeler qu’il reste l’autorité au-dessus des règles de jeu, à lui d’être ferme, quitte à se séparer du joueur en dernier recours.

Les Grosbills sont aussi du genre à noter à l’avance de points comme les faiblesses des ennemis ou la localisation des trésors dans un scénario officiel (on appelle cela le metagaming). Dans ce cas, le meneur peut prévenir avec un temps de préparation : personnalisez un peu vos modules. Vous pourrez aussi les ressortir et vous allez apprendre à les adapter à vos joueurs.  

Old man Henderson : un héros parmi les Grosbill ?

Pour finir sur une note positive, savez-vous qu’il existe une histoire mythique d’un BON Grosbill ? C’est le récit d’une partie de Cthulhu entre un mauvais meneur de jeu qui a réveillé le Grosbill qui sommeillait dans un bon joueur. À ne pas reproduire à votre table 😉 !

Il s’agit de l’histoire d’Old Man Henderson. Son récit exemplifie bien les stratégies des munchkin  tel son background trop fourni qui justifie qu’il sait tout faire. Il avait un livre entier où il expliquait comment il avait appris des langues, le maniement des armes, le pilotage d’un hélicoptère… Il n’en reste pas moins une histoire très divertissante que l’on vous conseille de découvrir.  

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