La session zéro fait partie des bonnes habitudes à avoir pour jouer aux JDR. Pourquoi ? Et comment assurer son bon déroulement ?
Quand on commence à s’intéresser aux jeux de rôle, on trouve souvent dans les forums, et plus récemment dans les livrets, une liste de bonnes pratiques. Présentées comme des conseils, voire parfois des nécessités, elles doivent aider les rôlistes à vivre des parties mémorables.
La session zéro : à quel JDR va-t-on jouer ?
Souvent la première de ces habitudes est la session zéro, la préparation des parties de JDR. Pratique plutôt récente et pas forcément codifiée, ni vulgarisée, elle est littéralement la première réunion des participants avant le lancement officiel de la campagne. En conséquence, il ne s’agit pas vraiment d’une occasion de jouer, mais plutôt de faire connaissance et de parler de ce qui va venir.
La session zéro a une importance particulière pour le meneur de jeu. De mon expérience personnelle, mais qui rejoint malgré tout un constat global, elle est l’occasion pour le MJ de poser les bases et de les exposer au reste de la table. Elle évite ainsi les mauvaises surprises une fois la machine lancée.
De la révélation de l’univers…
La première des bases que la session zéro explicite, c’est le genre de JDR que le MJ propose de mener. Idéalement, tout le monde aura exprimé ses envies au préalable, toutefois, je pense que c’est tout de même préférable que le meneur ait priorité sur le sujet. En effet, il est défini comme le joueur qui va travailler plus que les autres, c’est donc tout de même mieux qu’il puisse choisir ce qui va le motiver à passer des heures à se préparer.
Ceci comprend deux aspects : le style de la campagne et le système sous lequel elle va tourner. Ils peuvent être liés, mais pas toujours. Le style désigne à la fois le genre d’univers, son ambiance, mais aussi quel type de partie sera joué. Par exemple : est-ce que ce sera une campagne grimdark ? Un one-shot comédie dans un univers contemporain ? Quelques parties dans un monde préétabli ? Les joueurs sauront à quoi s’attendre et pourront y réfléchir.
À la discussion du système de JDR durant la session zéro
Si ce premier aspect est surtout esthétique, il existe aussi un aspect technique, le système. Durant la session zéro, le MJ va aussi présenter le JDR auquel la table va jouer. Il ne s’agit pas d’expliquer exhaustivement les règles dans un premier temps, mais plutôt de faire comprendre aux participants la philosophie du jeu et les grandes lignes. Est-ce que ce sera un jeu bac à sable ou linéaire ? Plus de donjons ou plus d’interaction sociale ? Il faudra faire des jets souvent ou compter sur l’ingéniosité des joueurs ?
Cela peut sembler évident, mais avec du recul, cette absence de communication avait perturbé mes premières parties en tant que MJ. Généralement, presque tous les rôlistes que je connais savent déjà ce qu’est la fantasy. Mais ils sont moins au fait quand il s’agit de Lovecraft, de Conan ou encore de Warhammer 40K, quelques explications et recommandations de lecture ou de films permettent d’assurer que tout le monde soit sur la même page. Croyez-moi, vous ne voulez pas voir un protagoniste de shônen dans une partie qui était censé être réaliste.
Les réactions des joueurs : comment satisfaire tout le monde ?
Le meneur n’a pas le monopole de l’expression pour la session zéro, le JDR reste malgré tout un dialogue. En réponse aux explications du MJ, les joueurs peuvent aussi avancer leurs avis et leurs demandes. C’est d’ailleurs l’occasion d’exprimer leurs attentes et éviter de devoir rectifier la trajectoire en plein milieu de la partie. Il s’agit d’une échange avec pour but de trouver une entente.
Dans le cas des joueurs, ils pourraient s’exprimer sur le type de gameplay qu’ils voudraient explorer ou les obstacles qu’ils aimeraient avoir le plus souvent. Ces demandes ne devraient pas tellement écraser les arrangements du meneur que servir à affiner les propositions de départ. Le meneur veut de l’AdC, mais les joueurs souhaiteraient plus de combats ? Le choix d’un scénario adapté avec des PNJ équilibrés ferait l’affaire ou pourquoi ne pas adopter la version pulp des règles, voire tenter l’aventure Acthung ! Cthulhu ?
Le contrat social et les autres outils
Puisqu’on parle d’horreur, la session zéro sert aussi à déterminer les limites de ce qui sera abordé dans le récit du JDR. Dans certains titres modernes, on conseille d’établir une liste de ce qui est acceptable pour chacun : violence, sexualité, racisme… ou simplement des phobies, comme l’arachnophobie. Mais, je préfère aussi y ajouter une autre liste, une liste positive de ce que les joueurs voudraient voir dans le jeu : intrigues politiques, sacrifices ou même du gore, comme le suggère l’auteur du jeu Nasty, Brutish and Long (disponible ici).
Cette liste n’est ni définitive ni absolue. En réponse au développement de la partie et de la vie, les participants peuvent changer d’avis ou développer de nouveaux désirs ainsi que des sensibilités. La session zéro constitue donc aussi l’occasion de discuter des outils de sécurité, à commencer par leur nécessité. Si comme moi, vous jouez avec des amis de longues dates dont vous connaissez les limites, je trouve que c’est superflu. Mais peut-être que votre table d’inconnus y trouvera une solution à certains problèmes d’expression ou de débordements.
Une session à part avant l’amusement
Avec tant de points à aborder, la session zéro des JDR demande un temps considérable. Voire plus que la durée des sessions à venir. Heureusement, elle peut se réaliser à distance à travers les réseaux sociaux et les services de messagerie. Ce format en ligne permet aussi de partager plus aisément des supports additionnels. Il s’agit notamment de documents écrits pour les règles, mais pourquoi pas aussi des photos ou vidéos pour illustrer l’univers du jeu.
La création des personnages, je préfère la faire au terme de la session 0, mais avant la première session. En effet, avec déjà tant de points à aborder, il ne restera pas forcément le temps ou l’énergie pour créer des PJ. D’ailleurs, pour des systèmes complexes, je pense notamment à GURPS, un petit temps de réflexion et de conception pourrait s’avérer nécessaire. À l’inverse, les systèmes comme Horrifique ou Shadowdark proposent des mécaniques qui permettent la création de personnages rapidement, au début de la première session.
En bref, la session zéro n’a jamais été fondamentale au JDR. Cependant elle a des avantages évidents, notamment pour jouer avec des inconnus. Meneurs, soyez donc responsables et déterminez si vous ressentez qu’il pourrait contribuer au bon déroulement des parties.