JunM
Call of Cthulhu est l’un des monuments fondateurs du RPG d’horreur et reste le jeu de référence de beaucoup de rôlistes. Avec presque 40 ans au compteur et fort de l’héritage de plus d’un siècle de récits écrits par des auteurs divers, CoC dispose d’une richesse inégalée.
Quand on évoque l’influence des écrivains sur le jeu de rôle, le premier à venir à l’esprit demeure Tolkien et son impact sur la fantasy, Donjons & Dragons ainsi que ses successeurs. Cependant, il en existe d’autres dont l’auteur américain Howard Phillips Lovecraft dont la nouvelle la plus populaire a donné un JDR tout aussi populaire.
Call of Cthulhu, de la scène américaine des RPG des années 80’s…
En effet, Call of Cthulhu, de son nom, reste un des RPG les plus connus du monde. Publié en 1981 par Chaosium et imaginé par le célèbre Sandy Petersen, il s’inspire directement des nouvelles de H.P. Lovecraft ainsi que des contemporains et successeurs comme Derleth et qui ont créé ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom du Mythe de Cthuhu.
Si les jeux de rôle des années 80 ne mettent pas encore en scène l’héroïsme comme 5e actuellement, les PJ restent des aventuriers compétents. Dans CoC, ils se limitent à des humains ordinaires, mais confrontés à l’horreur indicible. Ceci change énormément la dynamique et apporte une fraîcheur au jeu.
D’ailleurs, le succès est immédiat. Call of Cthulhu réussit à s’imposer sur la scène des RPG des années 1980 et on assiste à la sortie d’une flopée d’extensions. Certaines deviennent cultes, et, comme Ravenloft pour DnD, elles jouissent d’un héritage qui persiste encore aujourd’hui. C’est notamment le cas de Masks of Nyarlathotep publié en 1984. Elle est toujours considérée comme l’une des meilleures campagnes de tous les temps.
… à un jeu tentaculaire mondial en 2025
Le succès de CoC s’étend aussi à l’international. Suite à une erreur tactique de TSR, Donjons & Dragons peine à exploser au Japon et l’archipel nippon embrasse d’autant plus le jeu d’horreur de Chaosium. Une domination qui persiste encore de nos jours.
Au sein de l’Hexagone, Descartes Éditeur traduit le RPG Call of Cthulhu dès 1984 sous le nom L’Appel de Cthulhu, traduction aussi du titre de la nouvelle éponyme en VF. En France, comme ailleurs, CoC connaît aussi la grande vague du nouvel âge d’or que le hobby traverse aujourd’hui. Pour la gamme, c’est notamment la sortie d’une phase assez sombre pour Chaosium, suite à un mauvais investissement en TCG à la fin des années 90.
C’est donc non sans mal que Chaosium est parvenu à financer la nouvelle édition, la 7e et à ramener Petersen à la barre. D’abord en anglais en 2014, puis en 2016 en français, la 7e édition de l’Appel de Cthulhu joue dans la tendance des jeux modernes plus fluides, plus accessibles, mais toujours fidèles à l’esprit d’origine et à son système iconique.
Le cœur de l’Appel de Cthulhu : d100 et dé de SAN
Le moteur du RPG de Call of Cthulhu, Basic RolePlaying
Dès la première édition des années 80, Call of Cthulhu se démarque en utilisant le système Basic RolePlaying sous lequel Chaosium fait tourner son RPG RuneQuest. À première vue, une fiche d’Investigateur (le PJ) de l’AdC peut faire peur en comparaison à une fiche de DnD, même entre les versions actuelles, pensées pour simplifier les mécaniques de leurs ancêtres. Le moteur de l’AdC est en fait beaucoup plus direct.
En effet, derrière cette longue liste se cache un simple système de pourcentages. La valeur de chaque compétence représente donc sa probabilité de réussite sur 100. Par exemple, avoir 50 en Trouver Objet Caché (TOC), c’est avoir en général, 50 % de chance de trouver ce que l’on cherche dans une pièce. Il appartient ensuite au dialogue entre les joueurs et le Gardien (le MJ) de déterminer si des modificateurs font favoriser ou au contraire gêner cette action : augmenter ou réduire le pourcentage.
La Santé Mentale : générateur d’horreur
L’autre signature qu’on attribue à Call of Cthulhu et un incontournable de l’horreur en RPG : le jet de santé mentale. Les Investigateurs ont une valeur de Santé Mentale (SAN) qui baisse avec l’exposition à l’horreur. Une chute trop brutale de cette valeur peut faire chanceler un PJ et avoir des conséquences imprévues en influençant son comportement.
La valeur de SAN représente aussi une autre barre de Point de Vie. Un Investigateur dont la Santé Mentale tombe à 0 perd la raison et quitte le jeu. L’horreur peut donc venir à bout d’un PJ sans avoir besoin de passer par la violence physique. Une valeur de SAN Maximale trop basse peut aussi motiver un joueur à mettre un Investigateur à la retraite pour en créer un autre.
La mécanique de SAN de Call of Cthulhu en a aussi fait le RPG qui m’a appris à approcher autrement le jeu de rôle. Plus habitué aux jeux de fantasy inspirés par les jeux vidéo et par la série Aventures ainsi que les Shonen, ce système m’a vite fait réalisé qu’on pouvait raconter des récits d’un autre genre. J’avoue tout de même que cette première enquête s’est achevée sur un mystère irrésolu et un bâtiment inutilement mis en feu…
L’héritage de l’Appel de Cthulhu, une ludothèque de variantes et autres jeux
Avec ces décennies d’existence, L’Appel de Cthulhu n’a pas seulement eu droit à de nouvelles éditions. On parle plutôt d’une grande famille de jeux de rôle avec des variantes de l’AdC d’une part, mais qui apportent de nouveaux éléments pour se démarquer, et, d’autre part, d’autres jeux inspirés par l’AdC.
Les variantes de Call of Cthulhu comprennent des RPG qui changent le contexte ou l’esprit du jeu, mais pas son moteur. Les règles initiales du jeu visent surtout un cadre fidèle aux récits classiques du Mythe de Cthulhu. L’AdC, c’est les années 20 avec une mise en avant de l’investigation et de l’insignifiance de l’Homme dans l’Univers. Les autres jeux se tournent vers le passé (Cthulhu Dark Ages), l’époque contemporaine (Delta Green), voire le Steampunk (Gaslight) ou proposent des variantes de règles plus épiques (Pulp Cthulhu).
Quant à ses descendants, l’Appel de Cthulhu fait souvent office de référence pour tous les jeux lovecraftiens. Il est le Grand Ancien du genre, après tout. Ces nouveaux jeux utilisent des moteurs différents du BRP et proposent aussi leurs mécaniques particulières dans le but de proposer des expériences de niche. Dans le genre, on trouve Cthulhu Hack et Horrifique, plus légers avec une emphase sur l’aspect narratif, Achtung Cthulhu pour les férus de films d’action, mais aussi Elder Mythos qui donne la scène aux Grands Anciens.
Avec une telle sélection d’options, Call of Cthulhu ou n’importe quel RPG membre de sa famille ferait un excellent compagnon pour Halloween. Je vous invite donc à plonger dans ce monde et de trouver le jeu qui vous rendra fou.
