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Chaosium, un éditeur mythique

Chaosium, un autre dragon du JDR

Chaosium trône aux côtés des grands de l’industrie du jeu de rôle. Durant sa longue histoire, il a donné naissance à certains des JDR les plus aimés.

Avec la réussite de Gary Gygax, sa firme TSR et son jeu Donjons & Dragons, d’autres acteurs ont commencé à produire leurs propres titres. Au cours du demi-siècle depuis l’éclosion du JDR cependant, certains sont apparus, d’autres ont disparu ou changés. Rares sont ceux qui sont encore présents.

Une petite histoire de Chaosium

Chaosium a bien failli ne pas faire partie de ce club très serré. Mais, commençons par le commencement, en 1975 avec une jeune entreprise, The Chaosium, et un homme qui aurait mérité la même notoriété que Gygax, Greg Stafford.

Le rêve d’un homme : Greg Stafford

De son nom complet Francis Gregory Stafford, il est né le 9 février 1948 dans le Connecticut. Comme son contemporain, Gary, et bien d’autres de ces pairs nerds, il est un joueur de wargame et un lecteur de fantasy.

D’ailleurs, il commence à travailler sur son propre univers du genre, Glorantha dès 1966. Son projet était d’abord d’en faire le décor de ses romans, mais les refus des éditeurs l’ont obligé à changer de plan.

Il se tourne donc vers son autre passion et en fait plutôt un wargame : White Bear and Red Moon. Les industries n’en veulent, hélas, toujours pas. Greg Stafford prend alors les choses en main et fonde sa propre entreprise pour commercialiser son jeu.

The Chaosium (un mot valise entre Colliseum et Chaos) était né. Durant la deuxième moitié de la décennie 70, la firme commercialise d’autres jeux de plateau. Ils sont pour la plupart toujours créés par Stafford.

Les premières années jeux de rôle de Chaosium

Le retour à Glorantha marque aussi l’entrée de la petite entreprise dans le marché du jeu de rôle. Après s’être procuré un exemplaire du tout nouveau Donjons & Dragons, Greg Stafford crée son propre système dans son monde fétiche : RuneQuest. 

Celui-ci est une révolution à sa manière et se démarque du jeu de TSR. Ses mécaniques, épurées, formeront par la suite la base du système de Chaosium. L’entreprise la reprend ensuite pour ses succès comme l’Appel de Cthulhu.

Grag Stafford ne s’enferme cependant pas dans cette niche et crée d’autres jeux uniques comme Pendragon tandis que leur jeu Magic World a évolué en Suède pour devenir Drakar och Demoner, le futur Dragonbane.

Des années sombres…

Tout n’était toutefois pas rose pour l’industrie de la culture populaire durant la fin de la décennie 80 et tout au long des années 90. Sandy Petersen se rappelle d’ailleurs cette période par la bizarrerie du siège de Chaosium, une possible malédiction sur l’Appel de Cthulhu et peut-être un effet des substances hallucinogènes qui étaient en vogue.   

La crise qui allait commencer à sonner le glas, c’était que le marché de la bande dessinée venait de se casser la gueule. En conséquence, les JDR perdent leurs principaux distributeurs. Et si d’une part l’entreprise de Stafford peut continuer de sortir des JDR comme Hawkmoon, d’autre part, elle se resserre la ceinture et essuie aussi des échecs.

Le pire de ceux-ci, c’est la tentative infructueuse de percer dans un nouveau marché. Celui-ci était apparu au milieu des années 90 : celui des TCG. Wizards of the Coast était à présent là et venait de toucher le jackpot avec son jeu de cartes, Magic the Gathering.

Chaosium ne rencontre qu’un succès éphémère avec Mythos, un jeu de cartes sur l’Appel de Cthulhu. L’entreprise doit se concentrer sur l’essentiel pour continuer à exister tandis que le reste des licences est éparpillé auprès d’autres éditeurs.

Sa gamme phare, qui a aussi failli causer sa perte, l’Appel de Cthulhu est la seule à rester. Il semble bien que ne soit pas mort ce qui à jamais dort. Les Grands Anciens assurent la survie de l’entreprise, tapant parfois dans la vague du d20. Greg Stafford quitte Chaosium en 1998 pour continuer à travailler sur Glorantha dans sa nouvelle firme, Issaries.

… À la renaissance de Chaosium

Comme prophétisé cependant, au long des siècles périra même la mort. Après 2013, l’entreprise souffre de nouveau de nombreux soucis financiers. Cela suite à une mauvaise gestion du financement participatif de la 7e édition de l’Appel de Cthulhu.

En 2015, le chaman (véridique) Greg Stafford est réintégré comme PDG. En plus, Sandy Petersen, le créateur du JDR phare revient avec lui. Une fois les affaires de l’entreprise en ordre, et sous l’ombrelle de Moon Design Productions, AdC 7e sort et séduit le public.

Il est le JDR favori d’une part considérable des rôlistes et surpasse Donjons & Dragons dans certains pays. Le dragon Chaosium récupère aussi petit à petit son butin perdu et se reconstruit. Depuis, RuneQuest et Pendragon sortent de nouvelles éditions, 7th Sea arrive chez Chaosium et bien sûr, le Basic Roleplaying System produit de nouveaux jeux.    

Le grand Greg Stafford est décédé en 2018. Son dernier cadeau pour la communauté rôliste a été Roleplaying in Glorantha, la dernière version de RuneQuest. Son entreprise continue d’honorer sa mémoire.

C’est ainsi qu’il existe des initiatives comme #weareusall, un appel à tous les rôlistes du monde à jouer une partie entre le 10 et le 30 octobre en souvenir du chaman. À cette occasion, Chaosium présente aussi une aventure téléchargeable gratuitement pour certains de ses jeux.

La présence de Chaosium à travers Internet

Malgré son histoire mouvementée, l’entreprise perdure. Elle continue de produire des jeux pour ses gammes et même plus. En plus des JDR, l’éditeur californien publie aussi des œuvres littéraires. La majorité concerne, bien sûr, les gammes des Grands Anciens et les chroniques du monde de Glorantha.

Chaosium est aussi une entité très présente sur le web. En plus de son site officiel, l’entreprise aime les sites vidéo. Sur YouTube, non seulement elle possède une chaîne, mais elle sponsorise aussi parfois certains créateurs pour présenter ses produits.

En plus des actual play, dont le nominé aux Ennies Bookshops of Arkham, la chaîne officielle de Chaosium propose des interviews de certaines personnalités qui y travaillent. Ils constituent l’occasion d’en apprendre plus pour les fans. Que ce soit sur la création de JDR en général ou du suivi de leurs gammes en particulier.

Les gammes de JDR, les trésors de Chaosium

RuneQuest, le mythe fondateur

Il semble logique de présenter quelques-unes de celles-ci par leur père à tous : RuneQuest. C’est un jeu fantastique qui amène les joueurs dans le monde de Glorantha. De plus, il est une lettre d’amour à la passion de Greg Stafford pour l’anthropologie et la mythologie comparée. D’où le souci du détail apporté aux cultures et aux communautés dans ce monde inspiré de notre Âge du Bronze.

Son univers détaché des standards de Tolkien n’était pas la seule innovation de ce jeu. Il y avait aussi notamment son système de jeu. Délaissant le système de classes pour une approche par les compétences, il était aussi globalement plus réaliste et, dans une certaine mesure, plus létal.

Le système Chaosium, 100 % customisable

Tout cela, c’est grâce à son adoption du d100. Le pourcentage devient ainsi le cœur du système Chaosium, le Basic Roleplaying System. Pour marquer son efficacité universelle, il utilise un Homme de Vitruve stylisé avec des équipements de différents genres comme symbole.

Ce dernier a en effet l’avantage d’être particulièrement flexible. C’est dire ! Il s’adapte aussi bien aux besoins des nouveaux venus que des vétérans, aux jeux les plus pacifiques que ceux les plus violents, et marche aussi bien pour faire de la sci-fi futuriste que de la high fantasy.

On voit bien ce fait à travers les jeux publiés. L’adaptation de la saga littéraire Les Rivières de Londres diffère des aventures épiques de Mythic Iceland et des exploits héroïques de Superworld. Et il en est de même pour le jeu phare, l’Appel de Cthulhu qui peut tout aussi raconter un récit pulp contemporain qu’une expérience horrifique au Moyen-Âge.

Pendragon, le saint Graal

Pendragon est le dernier fer de lance de Chaosium. Œuvre de Greg Stafford, on y retrouve sa passion pour les mythes, cette fois, pour le cycle arthurien qu’il voulait partager à une nouvelle génération. Il est considéré comme le Magnum Opus du fondateur de Chaosium et revient bientôt pour une 6e édition.

En plus de son univers, cette gamme primée se démarque aussi par le fait qu’il n’utilise pas le système de d100. Une particularité qu’il partage avec le tout aussi épique Le Secret de La Septième Mer. À la place, les mécaniques de Pendragon font la part belle aux passions et à la personnalité de chaque chevalier.

Quel futur pour Chaosium ?

Avec autant de chevaux de bataille et un retour sur les bons rails, il semble que l’avenir promet d’être rempli pour Chaosium. Début 2023, il a fait partie des premiers à s’aligner sur Paizo pour signer une ORC universelle.

Au niveau des projets, hormis la renaissance de Pendragon, on sait qu’ils ont signé pour une adaptation de RuneQuest en jeu vidéo ainsi qu’un jeu de plateau sur la mythique campagne de l’Appel de Cthulhu, l’Horreur de l’Orient Express. 

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