Si la fantasy transporte dans des mondes imaginaires, un être y est omniprésent : les humains. Pourquoi sont-ils essentiels ?
Au cours de ces dernières semaines, nous avons évoqué certaines races fantastiques. Nains, elfes, orcs et autres gobelins sont considérés comme indispensables dans ces univers mythiques aux côtés de l’homme.
Les hommes, la race de référence et standard de la fantasy
Contrairement à celles-ci, il n’est pas question de se demander depuis quand les humains font partie de la fantasy. En effet, il est plus que probable que l’homme s’est toujours inclus dans ses récits de fictions en tout temps et en tout lieu. Depuis les mythes de la Grèce Antique jusqu’aux romans de Tolkien et encore à présent dans nos productions médiatiques contemporaines, l’homme est là.
Ou plutôt nous sommes là. L’inclusion de l’être humain dans le récit de fiction offre surtout un point de vue pour nous, les lecteurs, les joueurs, les téléspectateurs. Elle nous procure ainsi suffisamment de familiarité pour nous ancrer dans l’univers. Mais aussi, elle permet d’autant plus mythifier les autres races grâce à la distance. Et ceci se reflète dans la représentation et la situation qu’ont généralement les êtres humains dans la fantasy.
Ainsi, dès les œuvres de Tolkien, l’homme est montré comme cet être standard. On dit que le nain est petit, mais c’est en comparaison à l’homme, l’elfe se caractérise par ses oreilles pointus ce qui le différencie de nous,… La durée de vie des hommes et leur mortalité font aussi partie des grands enjeux mentionnés. Ils compensent souvent leur existence plus courte par la versatilité.
Enfin, les humains souvent le seul à pouvoir se reproduire avec les autres races dans la fantasy. Volontairement ou non, ces unions résultent souvent dans la création d’êtres uniques. Des hommes avec certains traits du parent non humain. Les demi-elfes, les aasimar, les tifelin de Donjons & Dragons, par exemple. One Piece fait office de grosse exception : il semble que toutes les races peuvent se reproduire entre elles dans le monde d’Oda.
L’homme est unique ou tout le monde est un homme?
On retrouve cet équilibrage dans Donjons & Dragons, par exemple. La 5e édition proposait aux humains de commencer avec un don en plus d‘avoir plus de flexibilité dans la répartition de leurs statistiques. Ceci se ressent moins dans l’édition mise à jour où toutes les races commencent avec la même souplesse.
Comme tous les changements qui concernent les races, ce point avait beaucoup fait parler les polémistes à son annonce. Elle touchait une des bases de la fantasy moderne. Dans des réflexions plus posées cependant, les rôlistes ont sont arrivés à la conclusion que ceci servirait aussi à rapprocher les autres races de fantasy jouables des humains.
En quelque sorte, toutes les espèces jouables devenaient ainsi des humains à l’apparence différente. Cette interprétation correspond à l’évolution de l’univers de DnD telle que le présente le nouveau PhB. Ainsi, il montre des scènes où tous les êtres humanoïdes cohabitent sans peine.
Les humains contre les autres races dans les univers de fantasy
Les hommes dans la fantasy : reflet de la diversité des humains et ethnocentrisme occidental
Homme et les autres ou hommes contre les autres. Ces visions dichotomiques n’ont pas à être les seules représentations des humains dans la fantasy. En fait, dans certaines autres œuvres, les hommes peuvent être aussi variés que les autres races. Et l’auteur reflète ceci dans leurs cultures, parfois leurs compétences. Ces cultures et l’apparence de ces différents êtres humains s’inspirent plus ou moins de celles de notre monde.
La série des Elder Scrolls, Warhammer Fantasy ou encore Mount & Blade montrent des exemples de ces représentations. Dans une certaine mesure, le centre d’attention, le POV est une culture inspirée de l’Europe occidental et continental. Ceci les met en contraste avec d’autres cultures comme les vikings et plus on s’éloigne de cette zone, plus les cultures font « comme ». Ainsi, africaines et arabes se mélangent et de même pour les différentes cultures asiatiques. Certains de ces mondes, comme Mount & Blade, cités plus haut, se passent ainsi de races fantastiques.
Avec le boom de la fantasy en général, et du nouvel âge du JDR en particulier, le traitement des différences culturels des humains a un peu changé. Ainsi, on trouve de plus en plus de titres qui mettent fidèlement en avant d’autres cultures. Pour citer un exemple récent : Barbu Inc travaille à la traduction d’un jeu de rôle sur le Wuxia, Lame Cruelle Sang Vertueux, la Chine, son histoire et sa culture y sont présents sans y mêler d’autres éléments, notamment japonais.
L’homme et l’autre, une position politique
Pour en revenir à l’utilisation de l’homme comme point de vue, il sert aussi à présenter la dureté d’un univers. Ainsi, les hommes prennent tour à tour la position du conquérant, de l’oppresseur ou de l’oppressé quant il s’agit de dénoncer l’impérialisme et l’intolérance. Dans ce cas, son opposant est généralement l’elfe. Supérieur et hautain si l’homme est l’oppressé, proche de la nature, parfois magique si l’homme est l’oppresseur. Dragon Age : Origins montre donc des hommes qui utilisent les elfes comme serviteurs tandis que ces derniers les dominent dans d’autres œuvres.
Dans la direction opposée à celle inclusive de Donjons & Dragons, mais sans être aussi tranchée quant aux relations de pouvoirs, on peut trouver Warhammer 40K. À la base, il s’agit d’un wargame, la guerre doit donc y être éternelle d’où le besoin de factions exclusives. Les humains s’y rassemblent donc sous une bannière, l’Empire. Toutes les autres races extraterrestres sont traitées sans distinction sous l’appellation xenos, car ils sont étrangers à Terra.
Quand l’homme est un autre, les univers alternatifs dans la fantasy
Un cas particulier dans l’inclusion d’êtres humains dans la fantasy se retrouve aussi avec la tendance principalement japonaise. Il s’agit des isekai. Ici, des hommes font partie des peuplades qui habitent dans ces univers alternatifs où le protagoniste arrive. Cependant, notre point du vue vient de ce dernier, un individu issu de notre monde et qui découvre donc les réalités et les subtilités de ce nouveau en même temps que le lecteur / le spectateur.