La figure du ronin a trouvé sa place dans l’imaginaire populaire et aussi dans les JDR. Voici deux titres, proches par le nom, pour les bushis.
Depuis plusieurs décennies, la culture nippone s’est fait une place dans le ballet de la mondialisation. Mais bien avant les mangas et les animes, c’était à travers une autre production : les films de samouraïs. Ceux d’Akira Kurosawa notamment ont façonné le genre, mais aussi le Western de Hollywood !
Les ronin, de la culture populaire vers le JDR
Avec de telles icônes, on ne s’étonne donc pas que certains rôlistes veuillent s’en inspirer pour leurs parties. Directement via les classes comme celle du samouraï dans la 5E de DnD ou indirectement via une combinaison de compétences et de flavor, on trouve parfois des ronin parmi les PJ des JDR.
Cependant, il existe aussi des titres spécifiquement faits pour cette ambiance. La Légende des 5 Anneaux, bien sûr, mais récemment j’ai aussi eu la surprise d’en trouver deux autres. Et même si leurs titres se ressemblent, il s’agit en fait de deux jeux très différents dans le style. Toutefois, tous les deux sont, d’une certaine manière, jouables en solo et aussi disponibles gratuitement, dans une certaine mesure.
Ronin : le journal d’un samouraï en quête de rédemption
Il était une fois dans le Japon féodal…
Il s’agit d’un côté du JDR « Ronin », sans accent, et de « Rônin », avec un accent. Le premier est un jeu brésilien exclusivement fait pour se jouer seul et a été sorti par Green Little Things en 2019 et disponible au prix de votre choix sur Itch.io et DriveThruRPG. Le livret de Ronin dispose aussi d’une version française, disponible à un prix abordable chez tout bon marchand de jeu.
Ce jeu prend un parti pris narratif. Avec pour cadre un Japon féodal, aux alentours de la période Sengoku, il place le joueur dans le rôle d’un ronin. Ce samouraï déshonoré suit a quête de rédemption. Structurellement, il se rapproche donc des jeux comme Chroniques d’Un Vampire Millénaire : une série d’entrées qui suit le guerrier durant son voyage avec les péripéties et les rencontres que cela implique.
En dehors de son nom, un ronin dans ce JDR a aussi une technique de combat en rapport avec son arme de prédilection. De plus, ses origines sociales définies par son clan, sa cicatrice, son cauchemar récurrent présentent son passé tortueux qui explique d’une part son statut de guerrier errant, mais aussi sa quête. Le joueur peut aussi bien choisir ces éléments que les déterminer au hasard par des jets de dés.
L’aspect JDR de Ronin : le récit
En parlant de dés, Ronin repose seulement sur l’emploi de deux polyèdres à 6 faces de couleurs différentes. C’est le système Yin-Yang. Le cycle suit un ordre clair : par une série de jets, le joueur détermine ce qui arrive durant son voyage, puis sa destination. Au fil de son périple, le PJ va accumuler de la réputation jusqu’à ce qu’il croise un total de 3 Vilains. Il peut décider de combattre ceux-ci, ce qui est l’affaire d’un jet, rarement deux ou plus.
Le troisième constituera le Vilain Final : lui aussi a une Cicatrice et surpasse en dangerosité ce que le Ronin a affronté à ce jour, le vaincre met fin à la partie de JDR. Toutefois, dans un tour dramatique, cette victoire ne signifiera pas forcément la rédemption. Un dernier jet renforcé par l’Honneur du ronin va en décider. Il pourra se faire seppuku pour booster ce jet…
Rônin, le JDR où Mörk Borg rencontre Rashomon
Kage no Shima, l’île où le soleil ne se lève plus
Rônin dispose aussi d’un système de seppuku. Cette fois, il s’agit d’un jeu Mörk Borg, je suis d’ailleurs surpris d’en voir un qui n’explicite pas cette affiliation à travers l’inclusion du « Borg ». Il est plus récent que le précédent, Slightly Reckless Games l’ayant publié en 2024.
Premier jeu d’une petite boîte, ce JDR où l’on incarne un ronin n’est pour l’instant disponible qu’en Anglais et pas encore dans l’Union européenne pour le format physique. Sa version barebone est toutefois disponible gratuitement en téléchargement sur ce site : il s’agit d’un PDF sans le style criard, plein de personnalité, mais si peu pratique des jeux Mörk Borg.
L’action se passe dans une version plus sombre du Japon féodal. Kage no Shima (littéralement « L’Île de l’Ombre ») est plongée dans l’obscurité, des cataclysmes de plus en plus graves arrivent et mèneront irrémédiablement à la fin du monde. On est bien sur du Mörk Borg avec cette horloge de l’Apocalypse auquel les joueurs ne peuvent pas grand-chose.
La brutalité de Rônin
Mécaniquement, Rônin reprend, d’une part, les bases de sa famille d’appartenance. Ainsi, les PJ se définissent par 4 caractéristiques allant de -3 à + 3, une quantité limitée de PV et un équipement. Les joueurs peuvent choisir de commencer la partie avec l’une des 10 classes disponibles. Elles vont du plus classique des samouraïs, au sumotori, en passant par le ninja ou encore le danseur : un guerrier mêlant le sabre et les armes à feu dans son style de combat.
D’autre part, il vient construire SA personnalité sur ces fondations. Il s’agit de nouvelles subtilités mécaniques qui s’inscrivent dans cette inspiration culturelle. Au combat, ceci se traduit par exemple par la Parade, une mécanique inédite qui permet de contrer l’assaut d’un ennemi. Mais c’est surtout le rapport à la mort qui démarque Rônin des autres Mörk Borg.
En effet, la mort n’est pas forcément la fin dans ce JDR : la première fois qu’un ronin devrait mourir, il se retrouve dans le Yomi et doit combattre une créature. Dans le cas où il gagne : il revient parmi les vivants, affaibli, mais enrichi en Honneur. Un joueur peut volontairement tenter cette épreuve via la mécanique du Seppukku ! Moins violent, on trouve aussi des règles pour méditer et rédiger des haïkus pour espérer obtenir des bonus temporaires.
Le mode solo de Rônin prend la forme d’un second livret, Tales of the Masterless. Il n’est pas gratuit, mais s’achète pour quelques dollars, ici, sur DriveThruRPG. Ce mode solo reprend certains systèmes qui me rappellent Ironsworn avec l’utilisation d’oracles et de jets pour déterminer le degré de succès des actions. Il inclut aussi un générateur de « donjon » pour les aventures.
Deux ambiances, une passion
Ronin et Rônin offrent donc deux expériences différentes pour se plonger en JDR dans le Japon féodal. Pour conclure, je noterai qu’il s’agit dans les deux cas de jeux faits par des Occidentaux, mais façonnés par leur passion pour le Pays du Soleil levant et qui ont pris la peine de faire quelques recherches. Je ne peux que recommander l’un ou l’autre si vous voulez une aventure courte, accessible et rapide.