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Thirsty Sword Lesbians, un grand jeu « woke » ?

Thirsty Sword Lesbians, woke et fier!

Thirsty Sword Lesbians a fait parler de lui lors de sa sortie. Au-delà de son titre, il a suscité des réactions de nombreux rôlistes.

Avec le nouveau boom du jeu de rôle dans les années 2010, de nouveaux publics se sont développés pour le hobby. La communauté LGBT en fait d’ailleurs partie. Tantôt acceptée, tantôt repoussée, elle s’est créé une place dans le monde du JDR.

Thirsty Sword Lesbians, un jeu propulsé par le queer (et l’apocalypse)

En effet, grâce aux créateurs qui ont ouvertement parlé de leur identité et leurs orientations, la question de l’inclusivité dans le jeu de rôle a commencé à gagner de l’importance. Ceci a abouti, entre autres, à la publication de jeux queer, dont Thirsty Sword Lesbians est un exemple célèbre.

C’est au début des années 2020 que ce projet coloré a fait son entrée dans la cour du financement participatif. Porté par l’éditeur Evil Hat Productions, la boîte derrière Fate Core ou encore Blades in the Dark, il a atteint son objectif initial en à peine 3 heures. Au final, la campagne rapportera près de 300 000 $ contre les 19 000 prévus pour lancer le projet.

À l’instar de BitD, Thirsty Sword Lesbians ou TSL est un jeu propulsé par l’Apocalypse. Il s’agit donc d’un jeu narratif avec pour particularité de se concentrer sur un type d’histoire : celles de lesbiennes à problèmes avec des épées. Un objectif qu’il porte ouvertement dans son nom.

Des mécaniques classiques pour une thématique unique

En conséquence, on y retrouve l’essentiel de ce que les PbtA proposent d’habitude. Une liste de types de personnages avec des actions qui les différencient les uns des autres, différents jets qui guident la narration avec des degrés de réussite sur un 2d6+caractéristique… Mécaniquement, il ne réinvente pas les bases du célèbre moteur de jeu de rôle.

TSL s’approprie en revanche ces mécaniques pour mettre en avant les éléments qu’il place au centre de ses histoires. Dans Thirsty Sword Lesbians, les combats, pas toujours à l’épée d’ailleurs, sont l’occasion d’explorer les conflits intérieurs des personnages. En plus de cela, les sentiments et les rapports sociaux sont aussi très importants, thèmes qui tiennent à cœur aux marginalisés.

Cette approche explique en fait la pertinence de nombreux choix que les auteurs ont faits pour le jeu. En fait, étant un JDR à destination de la communauté queer, il repose sur la connaissance de codes, de tropes narratifs, mais aussi de réalités qui parlent à son public. Les playbook, leurs conflits et même leurs apparences ainsi que les scénarios inclus dans l’ouvrage de base vont en fait dans ce sens.

Il fait aussi partie des titres qui ont inséré dans leur livret de base des recommandations sur la sécurité de l’environnement à la table. En plus des outils de sûreté comme la carte X, TSL invite aussi les participants à se réunir avant de jouer afin de décider ensemble de l’ambiance du monde de jeu et des limites abordables quant aux thèmes et à la narration. Ces idées ont depuis été formellement adoptées par d’autres titres.

Scandale et politique autour de TSL

Il en résulte les critiques mitigées dont le jeu fait souvent l’objet. Tournant sur un système aussi particulier, avec un style graphique inhabituel, portant des idées « modernes » (« wokes ») et reposant sur une (contre) culture de niche, Thirsty Sword Lesbians subit les foudres de beaucoup de rôlistes. Il n’est définitivement pas un jeu qui plaira à tout le monde.

On le compare alors souvent à Monsterhearts. Un autre PbtA qui aborde métaphoriquement la question des identités et de la sexualité en plus de modifier plus profondément les mécaniques de base. Cette comparaison n’a pourtant pas vraiment de sens. Bien que transparent sur ses alignements politiques, TSL se veut avant tout une expérience ludique accessible. Une fantaisie à créer et partager avec d’autres participants indépendamment des identités.

Néanmoins, face aux vives réactions de ces nombreux critiques, Evil Hat s’est exprimé sur la question. Il a alors rappelé sur les réseaux un message de la page Kickstarter et de l’ouvrage de base. Ce dernier stipule clairement que si Thirsty Sword Lesbians pouvait bien ne pas parler de sexualité, d’épée ou même de lesbiennes, il ne se destinait pas aux gens qui ne pouvaient accepter les diverses identités marginalisées et que la boîte se passera bien de leur argent.

Simple coup de pub agressif pour certains, réelle prise de position pour d’autres, cette action a définitivement cimenté la place de l’éditeur dans un conflit. Générationnel et idéologique, ce dernier concerne non seulement le JDR, mais la culture populaire en général.

Et Thirsty Sword Lesbians dans tout cela ? Le jeu se porte plutôt bien. Des milliers de livres vendus, une extension et une licence inédite « powered by lesbian » ainsi qu’un successeur, Girls By Moonlight, témoignent de sa réussite, bien qu’il ne sera certainement pas le prochain DnD killer.          

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