Le jeu de plateau est un type de jeu à la fois vague et particulier. Il représente aussi une variante, dira-t-on, du jeu de rôle.
Bien que le terme jeu de plateau soit un néologisme traduit de l’anglais boardgame, les humains jouaient déjà à des jeux nécessitant un plateau depuis l’Antiquité. Le senet égyptien, les échecs et les dames ou encore le go japonais sont tout autant d’exemples de ces jeux nécessitant un tablier de jeu.
Le problème de définition du jeu de plateau
Comment peut-on déterminer ce qui est un jeu de plateau et ce qui n’en est pas ? Le plus simple est de se fier au nom. Donc, s’il se joue sur un tablier de jeu, c’est un jeu de plateau. On pourrait ensuite trouver d’autres critères pour la typologie.
Les jeux de société sont probablement le genre de jeu de plateau le plus commun. Nous avons probablement tous joué ou au moins vu un jeu de société comme Monopoly. En plus du plateau, ils nécessitent aussi des règles et du matériel spécifiques comme des jetons ou des cartes.
Petit aparté : dans le cas contraire où vous n’en avez pas encore fait l’expérience, attrapez un groupe d’amis et essayez ! Les jeux de société sont en effet un bon moyen de sociabiliser avec son entourage. Le vaste choix qui s’offre à vous permet de décider d’opter pour une expérience accessible même aux plus petits. Tout le monde apprend ainsi le vivre ensemble et le fair-play.
Le jeu de rôle, plateau ou pas plateau ?
Des règles plus ou moins compliquées, un plateau de jeu, une activité ludique en groupe… vous l’aurez compris, le jeu de plateau rappelle beaucoup le jeu de rôle. Ou peut-être est-ce que le JDR en est lui-même une variante ?
Le jeu de rôle plateau n’innove pas le hobby. On ne réinvente pas la roue de ce fait on retrouve ici les mêmes bases que dans un JDR papier classique. On joue toujours sur une table avec des joueurs, et un meneur, des personnages et leurs des fiches et des accessoires.
Le principe reste donc le même : une narration collective entre les rôlistes. Le meneur (MJ) est chargé de faire vivre le monde et de le décrire, les joueurs (PJ) sont les protagonistes. L’histoire dont les bases sont posées par le MJ évolue en fonction des actions des PJ, l’imagination est mise à l’honneur. Les dés apportent une touche de hasard (et admettons-le, un grain de sel).
Les avantages de ce format
Le matériel dans le jeu de plateau
Quel plus le plateau apporte-t-il alors au jeu de rôle ? C’est surtout sur le plan matériel que la distinction se fait. Les versions sur tablier, fidèles à cette nature de jeu de plateau, sont obligatoirement riches en accessoires. Par comparaison, le JDR papier lui peut miser sur un minimalisme avec le théâtre de l’esprit.
Après, cette distinction est peut-être discutable. Pour rappel, Gary Gygax, inventeur du jeu de rôle, s’est inspiré du wargame, un milieu où les figurines et le terrain sont présents. De plus, des figurines d’un wargame médiéval ont contribué à l’inspirer pour créer Dungeons & Dragons. Peut-être qu’un théoricien en jeux serait plus apte à trancher.
Le jeu de plateau, nous disions, est riche en accessoires. Ainsi dans les boîtes de jeu on ne retrouve pas que de gros livres de règles. En plus, ils peuvent fournir des figurines, des jetons, des cartes, du mobilier pour le décor. Le jeu est pensé pour faire usage de tous ces éléments.
Une caverne d’Ali Baba
En plus de faire jolis, ces accessoires ont des côtés pratiques qui font qu’on peut recommander les jeux de plateau pour les débutants et les curieux. Pour les nouveaux joueurs, la présence de la représentation visuelle permet de s’habituer au gameplay et au roleplay. Pour les nouveaux meneurs, une partie de leur travail est mâché.
Il existe de nombreux kits d’initiation sur le marché du jeu de rôle. L’éditeur Black Book Editions par exemple en propose plusieurs gammes comme les Chroniques Oubliées ou Role’n Play. En plus du matériel et des règles, ils apportent aussi des conseils pour bien commencer.
Même les MJ et les joueurs vétérans peuvent y trouver leur compte. Avec leur expérience et un kit d’initiation, ils ne devraient pas avoir de problème à initier de nouveaux rôlistes aux ficelles du hobby. Rien n’interdit aussi de reprendre le matériel (surtout de bonne facture) pour vos JDR favoris ou personnels.
En conséquence, si le JDR sous sa forme la plus simple, avec quelques dés, du papier et de l’imagination n’est pas prêt de disparaître, les créations récentes explorent les avantages de ces emprunts au jeu de plateau. Les cartes à jouer en constituent l’exemple le plus parlant avec son emploi dans Horrifique ou, plus récemment, Daggerheart de Critical Role.
Ceci offre aussi l’opportunité d’explorer une définition du JDR qui le voit comme une collection de mini-jeux. En effet, selon ce paradigme, un jeu de rôle est en fait une combinaison plus ou moins harmonisés d’autres jeux, ce qui permet de retirer ou d’ajouter des règles pour faire un jeu sur mesure. Cette vision suppose donc qu’on peut insérer des mécaniques de jeu de plateau, tel que Risk, dans DnD pour simuler certains aspects que ses règles ignorent simplement.
Le jeu en ligne : la frontière entre papier et plateau
S’il existe une plateforme où la frontière entre le JDR papier et le jeu de rôle plateau, ce serait les tables de jeu virtuel (VTT). Elles nécessitent de la préparation en avance pour le meneur de jeu et un temps d’apprentissage pour maîtriser les outils.
Une fois ce cap passé, les VTT permettent d’avoir le meilleur des deux mondes. Elles ont autant de flexibilité que le JDR papier et de richesses graphiques que les jeux de rôle plateau. Certaines plateformes proposent déjà des collections de tokens (les jetons) et de maps (cartes) où l’on peut librement piocher.
Un format hybride se forme d’ailleurs de plus en plus. Ces projets emploient les avantages de la technologie dématérialisée et les combinent avec ceux des objets physiques. Ainsi, des tables de jeu et des figurines connectées comme Doppel, permettent d’intégrer de plus en plus d’éléments de jeu de plateau dans le jeu de rôle.
Ils n’ont cependant pas que des avantages. Entre les limites imposées par le matériel et d’autres subjectives à chaque individu, il ne faut pas ajouter inutilement des outils physiques aux jeux. Ainsi, certains joueurs ne peuvent apprécier le désordre logistique engendré par tant d’accessoires.
