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L’évolution des JDR, tour d’horizon d’une histoire sans fin

Les JDR, l'évolution d'un hobby

L’évolution des JDR est un processus perpétuellement en cours. En effet, en cinquante ans, ce hobby n’a cessé de changer.

Quand on parle de jeu de rôle, chacun a une représentation différente qui lui vient à l’esprit. En fonction de son âge, de son exposition et de son expérience, un rôliste imagine une pratique différente.

Donjons & Dragons de la racine…

Dans une certaine mesure, aucune de ces descriptions n’est exclusivement la bonne. Et pour cause : l’évolution des systèmes de jeu au fur et à mesure que de nouveaux JDR ont fait leur apparition.

En conséquence, il n’existe pas des critères absolus pour délimiter LE jeu de rôle comme on le ferait pour les échecs, par exemple. Tout au plus, on peut définir comme JDR toute activité ludique qui implique que des joueurs racontent une histoire suivant des mécaniques définies.

Pour la majorité du public cependant, ces éléments évoquent directement ceux du géniteur du genre : DnD. Pour comprendre l’évolution des JDR, partir de cette racine constitue un bon point de départ. C’est à l’invention de Gygax et Arneson que l’on doit certains éléments que l’on s’attend à trouver à travers tout le spectre des jeux de rôle sous toutes leurs formes.

Nous sommes en 1974 et il est un produit de son temps et de ses auteurs. Passionnés de wargame et de fantasy, c’est au premier que les premiers rôlistes empruntent les fondations du jeu de rôle et dans le dernier qu’ils inscrivent l’univers. Ainsi, des concepts comme la race, les points de vie ou encore les jets pour résoudre les actions sont déjà présents.

Le temps et les auteurs constituent les facteurs essentiels de l’évolution des JDR. Particulièrement plus flexible que n’importe quel autre hobby, le jeu de rôle est dynamique et suit la transformation des contextes où les créateurs et les joueurs se trouvent. Des facteurs sociaux telle la technologie aux facteurs personnels comme l’idéologie et la créativité… tous se reflètent dans les RPG.   

… à l’arbre qui cache la forêt

En conséquence aussi, cette évolution ne s’est pas faite de manière linéaire. Les différents jeux de rôle nés les uns des autres peuvent tout à fait coexister. Par extension, ils peuvent aussi chacun engendrer de nouvelles branches.

D’ailleurs, on constate cela dans la décennie qui suit la sortie de cette version de Donjons & Dragons appelé aussi Original DnD ou ODnD. D’une part, par Gygax et TSR qui sortent de nouvelles versions de leur jeu. Les gammes Advanced DnD ou encore Expert DnD clarifient et enrichissent cette vision de départ.

Elles assurent aussi les royalties exclusives de Gary Gygax. En plus d’un hobby, le jeu de rôle devient une véritable mine d’or commercial. Le gain est d’autant plus un catalyseur qui va favoriser l’évolution rapide des JDR dans l’âge d’or à venir.

Des années 70 aux années 90, l’évolution des JDR durant l’âge d’or

La diversification du paysage des jeux de rôle

D’autre part, on constate aussi que des nouvelles licences voient le jour. Ils embarquent les rôlistes dans de nouveaux univers et de nouveaux genres : l’espace avec Traveller (1978), l’horreur cosmique avec l’Appel de Cthulhu (1981) ou encore le cyberpunk avec Cyberpunk 2020 (1988).

Ces nouveaux jeux tentent aussi de sortir des sentiers battus sur le plan mécanique. Les créateurs rivalisent d’ingéniosité et les systèmes se diversifient, comme avec l’introduction d’autres dés que le d20 au cœur des règles de résolution des actions. Des jeux comme GURPS (1986) explorent aussi comment se détacher de l’héritage « stratégie » des wargames au profit de la narration. Une préférence que l’on retrouve aussi chez un nouvel arrivant : le LARP.

Le jeu de rôle s’exporte aussi en dehors du Pays de l’Oncle Sam. En Europe, par exemple, on s’active au cours des années 1980. L’Œil Noir en Allemagne, Dragonbane en Suède ou encore Maléfices en France font partie de ces œuvres de passionnés et pionniers. En Orient, le Japon n’est pas en reste.      

Avec les années 90, les JDR sont dans un premier âge d’or et l’évolution se poursuit. Les tendances initialisées depuis la décennie 70 continuent avec de nouvelles franchises qui n’ont rien à envier à leurs aînées comme Le Monde des Ténèbres. La culture populaire en général vit cette période faste : les comics et les jeux vidéo côtoient le jeu de rôle.

L’évolution des technologies de communication et les JDR

Par ailleurs, ces derniers en particulier prennent de l’ampleur. Le genre du RPG vidéoludique emprunte les codes voire les règles à leurs équivalents papier.

En plus des titres à jouer en solo comme les sagas Ultima ou Final Fantasy, une innovation technologique va modifier le visage des jeux : Internet. C’est durant cette décennie que les MMORPG commencent à prendre leur envol.

De leur côté, les premiers forums de discussion dédiés aux jeux de rôle accentuent les échanges entre les rôlistes. Ce sont les débuts de la communauté des JDR, une évolution qui va permettre de garder le hobby en vie durant les années à venir.

Les JDR au XXIè siècle : renaissance, évolution et révolution

Les années de crise

En effet, suite à divers problèmes économiques qui touchent les éditeurs et les vendeurs ainsi qu’en partie avec la nouveauté des jeux vidéo, les géants d’hier tombent. Les survivants tels Chaosium et les nouveaux venus comme Wizards of the Coast prennent le relais.

Les jeux du début des années 2000 tentent de reprendre du terrain auprès du public en tentant de suivre la vague vidéoludique. Donjons & Dragons 3E puis 4E ou encore Pathfinder rivalisent dans cette arène. D’autres titres persistent dans leurs ombres et le JDR devient plus que jamais une activité de niche.

Une nouvelle génération de rôlistes

Cependant, la deuxième moitié de la décennie 2010 marque la prochaine étape de l’évolution des JDR. En effet, les enfants qui ont grandi durant l’âge d’or sont à présent des adultes accomplis et continuent de partager au sein de la communauté. Armés des innovations technologiques et de leur célébrité, ils remettent le jeu de rôle sous les projecteurs.

L’époque des premiers actual play introduit le hobby à un nouveau public à l’échelle mondiale. D’autant plus que le public trouve un nouvel intérêt pour les mondes fantastiques. C’est une génération qui a grandi avec la trilogie de Tolkien de Peter Jackson, avec Harry Potter, les mangas, les animes, les films de superhéros et les jeux vidéo. Et donc très ouvert à la culture Geek.

Le déclic dans l’évolution : des JDR accessibles

Wizards trouve la formule magique avec la 5E édition de Donjons & Dragons. La communication a bien sûr joué, mais aussi l’évolution des règles pour mettre le JDR suffisamment à la portée cette nouvelle cible.

De ce fait, une partie des jeux de rôle « modernes » tendent alors à miser sur des mécaniques simples, rapides et faciles à prendre en main. En reprenant cette formule, certains des anciens géants peuvent faire leur grand retour grâce à des financements participatifs.

Ces méthodes permettent aussi d’éviter les limites de sources monétaires plus traditionnelles. Ainsi, des jeux encore moins conventionnels peuvent se trouver un public. Ceux-ci explicitent une autre caractéristique des jeux de rôle « modernes » : celle d’être particulièrement inclusifs.

Des gammes comme Monsterhearts, Thirsty Lesbian Swords ou encore Queerz mettent en avant des sexualités et des identités habituellement cachées. Une évolution sociale que les acteurs du JDR acceptent à bras ouverts.

Ce n’est pas la seule contribution de la mondialisation aux jeux de rôle. En effet, la connectivité internationale qui lui est nécessaire, mais qu’elle renforce aussi favorise une nouvelle manière de jouer. Les tables de jeu virtuelles permettent de jouer avec d’autres passionnés autour de la planète.

Grâce à l’évolution des machines et de la connexion, de nouvelles manières de faire du JDR voient le jour. Des applications et des sites rivalisent en innovations au moyen de l’automatisation, de l’intelligence artificielle, de la réalité augmentée pour proposer des expériences inédites.

Retour aux sources et évolution des lois : des JDR pour tous

On n’arrête pas le progrès, mais, malgré tout, on n’oublie pas les racines. Peut-être en réaction face à cette course en avant des jeux de rôle, des nostalgiques rappellent les temps reculés du jeu de rôle. Se revendiquant de l’Old School Revival, ces jeux tentent à leur manière de capturer l’expérience des premiers titres.

Cette initiative a pu aussi se faire grâce à l’évolution de la perception de la propriété intellectuelle au niveau de la communauté des JDR. Des licences libres telles l’OGL ou l’ORC permettent aux rôlistes d’emprunter presque librement toutes les mécaniques des autres jeux sur le marché afin de créer leurs propres systèmes.

Certains jeux comme Blades In The Dark proposent aussi leurs systèmes sous la forme de System Reference Documents. Des documents gratuits qui permettent d’inventer des jeux suivant leurs mécaniques, tel Candela Obscura ou Girls by Moonlight. Ceci n’empêche pas les innovations comme avec Hunt ou encore Bounty Hunter qui abandonnent les dés, par exemple.

Et l’avenir ? Craintes et certitudes autour de l’évolution des JDR

Les JDR connaissent de ce fait un second âge d’or, mais ne sont pas au bout de leur évolution. Avec les changements économiques, politiques et technologiques, de nouvelles pressions se manifestent. Donjons & Dragons, suivant les rumeurs et appuyés par les récents événements, pourrait passer à un format virtuel et exclusif à partir de la prochaine édition.

Une transformation qui fait rager une partie de la communauté. En particulier pour le risque de la mise en place de micro transactions et de modèles pay-to-win. Entre ce changement et la possible saturation du marché avec tous les nouveaux jeux, extensions et émissions qui se bousculent sur les plateformes, est-ce une bulle qui menace d’éclater ?

Et qu’en est-il des territoires et des cultures jusque là plutôt absents du paysage des jeux de rôle ? L’ancien Tiers-Monde semble apparaître progressivement, par la représentation et par les nouveaux créateurs et créations, dans ce milieu. The Wagadu Chronicles pour DnD 5E en est un exemple. Dans tous les cas, une évolution est certaine : les JDR ne sont pas près de disparaître.    

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